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Paysages

2. Des territoires vierges à explorer au 18e siècle

Des lieux d’exploration

Seille canalisée : Projet d'ouvrage pour la navigation de la Seille. Quatrième dessin. Plan de l'emplacement de l'écluse à construire à Loisy. Il s'agit probablement d'un plan d'avant 1784. VNF-direction territoriale Centre-Bourgogne, subdivision de Montceau-les-Mines.
Seille canalisée : Projet d'ouvrage pour la navigation de la Seille. Quatrième dessin. Plan de l'emplacement de l'écluse à construire à Loisy. Il s'agit probablement d'un plan d'avant 1784. VNF-direction territoriale Centre-Bourgogne, subdivision de Montceau-les-Mines.
Seille canalisée : Profils de Louhans à la Truchère. Détail du village de Bantanges. 1859. VNF-direction territoriale Centre-Bourgogne, subdivision de Montceau-les-Mines.
Seille canalisée : Profils de Louhans à la Truchère. Détail du village de Bantanges. 1859. VNF-direction territoriale Centre-Bourgogne, subdivision de Montceau-les-Mines.

« [...] il faut d’abord se souvenir ce qu’un pays comme la France comptait d’espaces intacts, à peine cartographiés, il y a encore un ou deux siècles, et bien mesurer du même coup ce que le paysage a pu susciter d’intérêt et de curiosité à partir du XVIIIème siècle. »1

Le 18e siècle multiplie les explorations et améliore les techniques de cartographie, mais le territoire français est loin d’être entièrement quadrillé. Les difficultés des communications ne facilitent pas le développement des connaissances. Les ressources naturelles d’une grande partie du territoire sont découvertes ou en cours de découverte, mais elles peinent à devenir vraiment exploitables, faute de débouchés faciles. La houille à Montcenis et au Creusot, par exemple, exploitée localement dès le début du 16e siècle2, intéresse les scientifiques et suscite des projets chez les industriels mais elle ne peut être exportée correctement, faute de voies de circulation fiables. L’arrivée du canal du Centre permet un vrai développement de toute cette région.

La construction des canaux est l’occasion pour les élites d’explorer des lieux peu accessibles, cartographiés par les ingénieurs pour les besoins des travaux.

Proto-industrie

L’industrie apparaît comme très limitée et consiste essentiellement en moulins, placés sur des biefs liés aux rivières qui accompagnent le canal. Des entrepreneurs - propriétaires ou notables mais aussi artisans - tentent de profiter de la force motrice et créent de petites structures. Ainsi, plusieurs forges sont installées dès le 18e siècle en bordure des rivières : à La Bussière-sur-Ouche et à Aisy, sur le canal de Bourgogne ainsi qu’à Lamotte-Bouchot, sur celui du Centre. Les propriétaires se heurtent souvent à l’impossibilité d’exporter leur production pour développer davantage leur activité.

Les paysages avant la construction

Structurant le territoire, châteaux et églises sont sources de développement urbain : les villages s’ordonnent autour des grands domaines.

Canal du Nivernais : vue d'ensemble du village de Lucy, avec l'église au centre. Au premier plan, le pont routier isolé de Lucy-sur-Yonne. Bief 55 du versant Seine.
Canal du Nivernais : vue d'ensemble du village de Lucy, avec l'église au centre. Au premier plan, le pont routier isolé de Lucy-sur-Yonne. Bief 55 du versant Seine.

Les réseaux ne sont pas toujours les aménageurs principaux du paysage. Les archives, surtout les cartes anciennes, et les travaux historiques mettent en exergue les difficultés de circulation (état et nombre des routes et des ponts) dans un monde essentiellement agricole3. L’absence de régulation des cours d’eau limite leur capacité de transport ce qui fragilise à la fois les structures voisines et les industries, qui ne peuvent compter sur un apport régulier en eau.

Canal du Centre : vue générale avec au centre le site d'écluse 24 du versant Méditerranée et en arrière-plan le village de Rully et son château.
Canal du Centre : vue générale avec au centre le site d'écluse 24 du versant Méditerranée et en arrière-plan le village de Rully et son château.
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Retour au texte 1 KRIEGEL Anne, « Les ingénieurs paysagistes », in Un canal… des canaux… : catalogue d’exposition, Paris, du 7 mars au 8 juin 1986. Paris, Caisse nationale des monuments et des sites : Picard, 1986, p. 266.
Retour au texte 2 LAGROST Louis, Du château ducal de Montcenis à la « seigneurie » du Creusot (XIIe – XVIIIe siècles), Montceau-les-Mines : éditions du centre de castellologie de Bourgogne, 2009, p. 282.   
Retour au texte 3 DE VARINE Béatrice, Villages de la Vallée de l’Ouche aux XVIIème et XVIIIème siècles : la seigneurie de Marigny-sur-Ouche, Roanne : Horvath, 1979. 
Retour au texte 4 HUERNE DE POMMEUSE Michel-Louis-François, Des canaux navigables considérés d’une manière générale, avec recherches comparatives sur la navigation intérieure de la France et celle de l’Angleterre, Paris, 1822, p. 365.
Retour au texte 5 LAMARRE Christine, Petites villes et fait urbain en France au XVIIIème siècle, le cas bourguignon, Dijon : Editions Universitaires de Dijon, 1993, p. 499.