La Seille canalisée
Ponceaux de BantangesLouhans, la "cage" disparueSite de Branges au 18e siècle

Ouvrages d'art

1. Les phases de travaux

Pourquoi rendre la Seille navigable ?

Les arguments principaux sont énoncés par Gauthey dans l’extrait en exergue ci-dessus : faciliter les transports et améliorer le commerce. L’ouverture et l’amélioration des voies de communication à des fins commerciales est une priorité bien connue de la fin du 18e siècle. La Seille n’échappe pas à ce mouvement de fond.

On souhaitait aussi assainir les terres trop marécageuses de la vallée. « Le sol est cependant excellent dans l’une et l’autre partie. Mais les moulins que l’on a construits sur cette rivière la barrent entièrement et il est très probable que l’on a élevé successivement les déchargeoirs »2, rapporte Gauthey en 1783. Les prairies, situées plus bas que les moulins étaient inondées dès que le niveau d'eau montait. Les aménagements devaient permettre un meilleur contrôle de cette rivière.

En quoi consistent les aménagements de la Seille ?

Les projets, proposés par E.-M. Gauthey et reprenant les propositions de l’ingénieur Antoine, prévoient quatre écluses pour faire passer les bateaux sans encombre de Louhans à La Truchère, débouchant sur la Saône. Les moulins sont tous trois fondés en titre3 et placés sur la rivière. Pour les contourner, il faut établir des tranchées de dérivation qui porteraient les écluses.

Le cours de la rivière décrivant de multiples lacets pour un débit parfois faible, certaines boucles doivent être coupées et le chemin raccourci d’autant.

Barrage et pont de La Truchère, vus de la rive gauche de la Seille.
Barrage et pont de La Truchère, vus de la rive gauche de la Seille.
Schéma de l’ancien et du nouveau tracé de la Seille au niveau de La Truchère.
Schéma de l’ancien et du nouveau tracé de la Seille au niveau de La Truchère.

Sujette à de forts débordements, la rivière doit être davantage régulée : curages et digues sont envisagés. Faute de quoi, les constructions seraient inévitablement endommagées.

L’installation d’un chemin de halage nécessite un renforcement de certaines berges, l’élagage des végétaux et des accords avec les riverains, propriétaires des terrains. Il faut aussi assurer l’écoulement des eaux de ruissellement, en tenant compte de l’organisation existante des biefs, jusqu’à la rivière, en passant sous le chemin de halage.

Les barrages sont essentiels pour le maintien d’un tirant d’eau suffisant pour les moulins et la navigation. Ils régulent la rivière en amont de chaque site d’écluse. Ce système est bien antérieur à la canalisation, puisqu’il était lié aux moulins. A la fin du 18e siècle, les barrages étaient constitués de fascines ou branchages4. Aujourd’hui ils sont en béton comme on peut le voir à Branges, permanents ou réglables par vérins hydrauliques comme au barrage de La Truchère.

Barrage lié aux moulins de Branges. Traces d'un ancien alignement d'arbres.
Barrage lié aux moulins de Branges. Traces d'un ancien alignement d'arbres.
Détail du barrage de La Truchère.
Détail du barrage de La Truchère.
Détail du barrage de La Truchère.
Détail du barrage de La Truchère.

Quatre sites d’écluse permettent le fonctionnement des infrastructures. Composés d’un bief de dérivation avec un sas, ils ne peuvent fonctionner qu’avec les barrages existants sur la rivière. Les sas faisaient à l’origine 6,17 mètres de large pour 22,10 de longueur. Ils passèrent à 31 mètres (gabarit Becquey) durant les années 18405. Pour des raisons de hauteur d'eau, en 1854, un sas supplémentaire vint améliorer l’écluse de La Truchère. Il fut supprimé en 18936 lors de l’installation d’un nouveau sas, au gabarit Freycinet. Cette écluse est la seule à bénéficier de cette modernisation.

Quatre maisons éclusières sont construites au début du 19e siècle. Les descriptions des devis soulignent le choix d’une construction à bas coût mais aux détails soignés (corniche et encadrements de portes et de fenêtres en pierre taillée) ainsi qu’une préférence donnée aux matériaux produits à proximité. Les tuiles sont fabriquées localement, la pierre doit être prise dans les carrières de Préty, toutes proches et connues pour leur couleur rose. Pour être autonomes, les maisons sont équipées d’un four à pain, d’un four à chaux et d’un jardin.

Un type de maison, proche du modèle Mercadier présent sur le canal du Centre, a été choisi. Les archives indiquent que les trois maisons de La Truchère, Loisy et Cuisery ont été rehaussées pour faire face aux inondations et accueillir des bureaux7.

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Retour au texte 1 GAUTHEY Émiland-Marie, « État et mémoire, avec toisé des fonds riverains de la Seille pour servir au projet de navigation de la Seille […] », daté du 26 janvier 1783 et aussi : Mémoire présenté à la mairie de Louhans en 1774, Archives départementales de Saône-et-Loire, EDEP, Louhans, DD14.
Retour au texte 2 Ibid. 
Retour au texte 3 Article L3111-2 du Code général de la propriété des personnes publiques : « le domaine public fluvial est inaliénable sous réserve des droits et concessions régulièrement accordés avant l'Edit de Moulins de février 1566 et des ventes légalement consommées des biens nationaux ». Les moulins dits « fondés en titre » possèdent un droit de prise d’eau inaliénable, s’ils peuvent prouver qu’ils l’avaient avant 1566, pour l’ensemble des provinces françaises, à cette époque ou à partir de 1601 pour la Bresse, http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Guide_police_des_droits_fondes_en_titre.pdf , [pages consultées le 19 mars 2014].
Retour au texte 4 « Mémoire présenté à la mairie de Louhans en 1774 », Archives départementales de la Saône-et-Loire, EDEP, Louhans, DD14.
Retour au texte 5 Plans dressés entre 1841 et 1847, Archives départementales de la Saône-et-Loire, 3S42.
Retour au texte 6 Archives départementales de la Saône-et-Loire, 3S45 et VNF-Direction territoriale Centre-Bourgogne, Subdivision de Montceau-les-Mines pour les plans des ouvrages projetés.
Retour au texte 7 Ibid.