La Seille canalisée
Plan de Cuisery, la Seille en travaux sous la RévolutionLes plans de nivellement, un outil de pointe au 19e siècleLes mottes1783Les bornes, des trésors minuscules

Plan de Cuisery, la Seille en travaux sous la Révolution

Si 1793 est plus connue pour les événements dramatiques de la Révolution française qui ont changé le cours de l’histoire, c’est cependant aussi l’année de l’ouverture du canal du Centre. Le plan de l’écluse de Cuisery, signé de l’ingénieur Guillemot et daté du 17 avril de cette même année, porte de précieuses indications sur la manière dont furent menés les travaux d’aménagement de la Seille en pleine tourmente politique.

Les ingénieurs dressent un état des lieux le plus précis possible. Le soin apporté à l’exécution est mesurable à la mise en couleurs et à la minutie apportée au rendu des arbres, entre le moulin et le site d’écluse. Le plan « à vue d’oiseau », selon l’expression qu’on retrouve sur d’autres archives, est complété par une coupe indiquant les hauteurs d’eau envisagées dans l’écluse. Le moulin placé sur la rivière et ses bâtiments annexes ressortent en rose, comme le futur bief de dérivation portant l’écluse. Les barrages préexistants sur des bras de la Seille sont en brun. L’accès à un gué et à un pont figurent également, en amont du moulin. La légende, en haut à gauche, précise la signification des types de lignes utilisées.

Les ingénieurs doivent tenir compte lors de l’aménagement de la Seille de plusieurs facteurs, dont les deux principaux furent justement l’existence depuis le Moyen Âge de moulins en lit de rivière et le caractère imprévisible de cette dernière. Le moyen de résoudre le premier problème était assez simple : ils établirent l’écluse sur un canal de dérivation, rectiligne pour réduire les méandres qui rendaient la navigation plus difficile.

Navigation de la Seille. Plan de l'emplacement de l'écluse de Cuisery. Une retombe indique le nivellement de la Seille à l'emplacement de l'écluse. Dessin aquarellé, 74.5 x 38 cm et daté 17 avril 1793. VNF-direction territoriale Centre-Bourgogne.

Les changements de cours de la rivière et l’instabilité de son lit, trop marécageux, étaient plus complexes à réguler. Ce plan témoigne, avec la retombe modifiant l’emplacement de l’écluse, des difficultés d’adaptation des projets à un réel instable. Les fondations pouvaient être emportées, le terrain s’affaisser. On ne parvint à une solution qu’au début du 19e siècle.
Comme nous venons de le voir, c’est un document de travail mais aussi un document officiel, « approuvé conformément à l’avis de l’assemblée des Ponts et Chaussées, annexé à une lettre », en pleine tourmente révolutionnaire. Malgré les événements nationaux, les ingénieurs continuaient à travailler. Guillemot était alors sous les ordres d’Émiland-Marie Gauthey, qui a fourni en 1784 les plans officiels de la canalisation de la Seille, acceptés par édit royal. Il fut chargé d’adapter ces plans aux réalités du terrain, neuf ans plus tard.