En 1790, dans une Description du canal du Nivernais tel qu’il a été projeté pour la navigation du Bois, suivie d’un projet économique pour son Extension tendant à le faire servir au Commerce en général, l’ingénieur Hageau est alors chargé de transformer un premier projet de rigole de flottage en canal de navigation.
La construction du canal à la fin de l’Ancien Régime
Cet ingénieur en second du canal revient sur les éléments qui ont conduit à l’adoption du projet1. Cela lui permet d’inscrire la construction dans une continuité historique longue et ainsi légitimer indirectement les travaux. Le « projet économique » dont il est question dans le titre reste dans les généralités, loin des précisions chiffrées d’Émiland-Marie Gauthey pour le canal du Centre. Ce document manuscrit et illustré de magnifiques planches aquarellées est avant tout un ensemble de directives techniques pour construire les ouvrages. Une carte d’ensemble donne des indications précieuses sur le territoire avant le passage du canal. Des plans sont donnés pour les ouvrages.
« Le canal du Nivernais, aujourd’hui celui du département de la Nièvre, auquel on travaille depuis le mois d’avril 1784, avait été proposé par le Président Jeannin sous le règne d’Henry IV pour la jonction des deux mers ; et l’on établissait alors le point de partage aux étangs d’Aron qui sont élevés de 179 pieds au dessus des étangs de Vaux et de Baye, qui servent de point de partage au projet actuel, ce qui rend ce dernier préférable au premier.
En 1783, la disette des bois de chauffage à Paris détermina M. Deforges Intendant des finances au Département des Domaines et Bois, à donner des ordres à feu M. Menassier maître particulier des Eaux et forêts de la maîtrise d’Auxerre pour qu’il eut à examiner les moyens que l’on pourrait employer pour assurer la quantité de bois nécessaire à la consommation de la capitale ; d’après les intentions de ce magistrat M. Menassier s’est rendu dans le Bazois, canton dépendant du Nivernais, absolument couvert de bois, où il s’est assuré, par ses calculs, qu’on en pouvait tirer annuellement 40 000 cordea ; en conséquence il fit faire tous les nivellements nécessaires pour établir un point de partage ; il reprit d’abord le premier projet formé sous le président Jeannin ; et ayant reconnu que les étangs d’Aron n’étaient pas suffisants pour asseoir une navigation avantageuse il préféra déplacer ce point de partage aux étangs de Vaux et de Baye, dont le trop plein se verse dans le ruisseau de Baye, lequel se jette dans la rivière d’Aron au village de Mingot ; mais en établissant le point de partage aux étangs de Vaux et de Baye, il fallait percer le seuil de la Collancelle pour aller joindre le ruisseau de ce nom qui est alimenté par l’étang Neuf, l’étang Gouffier etc., dont l’excédent se verse dans la rivière d’Yonne un peu au dessus du village de la Chaise. Ce percement était autant possible qu’utile ; d’ailleurs on en sentait la nécessité pour augmenter le volume d’eau dans l’Yonne qui en manque souvent l’été, pour faire descendre les bois de flottage en provenance du haut Morvan jusqu’à Clamecy où on les met en train.
Les nivellements faits, M. Menassier rédigea ses opérations de concert avec M. Bossu, architecte à Clamecy, qui en dirigea immédiatement les travaux en qualité d’ingénieur en chef et présenta son projet au Conseil qui, par arrêt du 10 avril 1784, en ordonna l’exécution. »
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