Canal du Nivernais
Quand le canal du Nivernais traversait ClamecyLa construction du canal à la fin de l’Ancien Régime

Histoire

3. Les derniers aménagements et le développement du tourisme, fin 19e - 20e siècle

En raison de la concurrence du charbon pour le chauffage, le flottage des bois est supprimé à la fin des années 1870. Par ailleurs, l’extension du réseau ferré provoque une décroissance continue du trafic sur le canal : la ligne Auxerre-Clamecy est ainsi mise en service le 4 juillet 187010. La voie d’eau nivernaise n’est donc pas passée en totalité au gabarit Freycinet, comme la partie joignant Cercy-la-Tour à Sardy-lès-Epiry. Elle est entièrement ouverte à la navigation permanente le 1er juin 1881 : le système des éclusées, permettant le transport des flots de bûches, est supprimé. En raison de cet arrêt, l’embranchement de Vermenton est créé afin de conduire les bois flottés de la Cure.

A gauche, la Cure, à droite l’embranchement de Vermenton séparé par une digue. Le pont d’Accolay enjambe les deux voies d’eau en arrière-plan.
A gauche, la Cure, à droite l’embranchement de Vermenton séparé par une digue. Le pont d’Accolay enjambe les deux voies d’eau en arrière-plan.

Entre la mise partielle au gabarit Freycinet et la construction de l’embranchement de Vermenton, les années 1880 sont riches en travaux sur le canal. Le dernier grand bouleversement a lieu à Clamecy, au début du 20e siècle, avec le comblement du canal dans la traversée de la ville et sa déviation dans l’Yonne.

Clamecy, vue du site d’écluse et de la gare des Jeux. Vers 1940. Diapositive monochrome sur verre. Coll. Combier - musée Nicéphore Niépce – Chalon sur Saône - inv. n° 1975.19.58079.112
Clamecy, vue du site d’écluse et de la gare des Jeux. Vers 1940. Diapositive monochrome sur verre. Coll. Combier - musée Nicéphore Niépce – Chalon sur Saône - inv. n° 1975.19.58079.112

En 1930, les ingénieurs des Ponts et Chaussées dressèrent un plan du canal en vue de la mise au gabarit de la péniche normale de 300 tonnes11. La grande majorité des écluses et des ponts devaient être reconstruites afin de rendre le canal du Nivernais plus accessible à la navigation commerciale. Certains souterrains étaient aussi prévus au niveau de Châtillon-en-Bazois et à Mailly-le-Château : ces ouvrages auraient permis aux bateaux de traverser plus rapidement ces communes. Le canal n’étant pas jugé assez rentable, ce plan, très instructif pour l’historien, est cependant resté à l’état de projet.

Petit à petit, le canal du Nivernais sombre dans le silence et l’oubli. Le trafic se réduit jusqu’à devenir inexistant sur certaines parties. Les écluses s’envasent, tandis que les voûtes de La Collancelle se parent de végétaux romantiques. Il faut attendre 1972 pour que le canal sorte de l’agonie : le conseil général de la Nièvre prend en concession la portion Cercy-la-Tour/Sardy-lès-Epiry, qui était déclassée par l’État. Les infrastructures sont alors reprises spécialement pour faire passer des bateaux de plaisance. Voies navigables de France (VNF), nouvel établissement public créé en 1992, lance une campagne de travaux sur la partie non concédée, clairement en mauvais état, afin d’obtenir une homogénéité sur l’ensemble de la voie d’eau.

Aujourd’hui, le canal du Nivernais est un réseau à petit gabarit entièrement tourné vers le tourisme. Il a la particularité de pouvoir compter sur une grande présence humaine : les écluses non automatisées nécessitent du personnel, très apprécié des touristes. Si ses infrastructures techniques sont gérées par VNF, les aspects touchant au développement touristique sont pris en compte par un syndicat mixte (Syndicat Mixte d’Équipement Touristique du Canal du Nivernais), composé de représentants des communes riveraines dans la Nièvre et dans l’Yonne. Haltes fluviales, loueurs de bateaux, pistes cyclables et respect de l’environnement viennent transformer une fois de plus l’image de la voie d’eau.

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Retour au texte 1 STAINMESSE Bernard, « Un canal à contre-courant, le canal du Nivernais », Loire et Morvan, n°7, 1996, p. 57-58.
Retour au texte 2 PERE Pierre, « Le canal du Nivernais à Limanton, première partie […] », Bulletin municipal de Limanton, décembre 2010.
Retour au texte 3 BILLET Marie-France et DESCAMPS Christian, Canal du Nivernais. De Decize à Auxerre, la grande flâne, 1990.
Retour au texte 4 HAGEAU Amable, Description du canal du Nivernais tel qu’il a été projeté pour la navigation du Bois, suivie d’un projet économique pour son Extension tendant à le faire servir au Commerce en général, 1790, Archives départementales de la Nièvre, 1 J 106.
Retour au texte 5 « Lettre du sous-préfet de Château-Chinon au préfet de la Nièvre, le 19 avril 1808 », Archives départementales de la Nièvre, S 4713-4716.
Retour au texte 6 Archives départementales de la Nièvre, S 4713-4716.
Retour au texte 7 MENAGER Philippe, Les canaux bourguignons. Histoire d’un patrimoine, Viévy : Editions de l’Escargot Savant, 2009.
Retour au texte 8 Archives nationales, F14 6984.
Retour au texte 9 Archives nationales, F14 6984.
Retour au texte 10 BACHET Gaby, CUYNET Jean, Histoire du rail en Bourgogne, Pontarlier : Éditions du Belvédère, 2007.
Retour au texte 11 « Plan du canal dressé en 1930 en vue de la mise au gabarit de la péniche normale de 300 tonnes », VNF-Direction territoriale Centre-Bourgogne, Subdivision de Corbigny.