Bornes

Réparties le long du canal, au-delà des chemins de halage, des bornes portent les kilomètres comptés depuis les extrémités du canal à Migennes ou Saint-Jean-de-Losne, selon la rive empruntée. Elles permettaient de préciser sur le terrain les distances parcourues par les bateaux, pour calculer au plus juste les droits à percevoir sur le transport des marchandises. Les 70 bornes recensées relèvent de deux types : borne placée tous les cinq kilomètres, dite aussi semi-myriamétrique, et borne kilométrique.

Les bornes de délimitation

« Les bornes de délimitation des terrains acquis pour l’emplacement du canal ont la forme d’un cône tronqué. Le fut a 0 m 35 de hauteur non compris la culasse qui sert de fondation et a 0 m 30 de hauteur et 0 m 25 au carré. Le diamètre du fut est de 0 m 19 à la base et 0 m 15 à la partie supérieure. Celles qui délimitent les terrains acquis pour l’emplacement des réservoirs et des rigoles sont mi-plates de 0 m 25 de largeur et 0 m 35 de hauteur arrondies en demi-cercle à la partie supérieure »⁹.
Toutes ont disparu.

Si les Archives départementales de l’Yonne sont muettes sur ces bornes pour la partie qui les concerne, celles de la Côte-d’Or et les archives de l’École nationale des ponts et chaussées les mentionnent.

La plantation de bornes est l’un des premiers gestes de repérage fait par les concepteurs des canaux, comme en témoigne cet Extrait du devis des ouvrages du canal de Bourgogne qui sont adjugés pour la partie d’entre La Roche et Tonnerre, en date du 1^er juillet 1776.¹³

« Pour plus d’intelligence dans la description que l’on va donner, on y citera les numéros des bornes qui ont été plantées et scellées sur le terrain, tant pour désigner les alignements et les coudes du canal, que pour marquer la position des écluses et des ponts […] Sur l’une des faces de ces bornes […] on a gravé une fleur de lys avec un chiffre arabe au-dessous, le tout dans l’ordre de la numérotation suivie dans la position de ces mêmes bornes […] ».

En 1834, on cherche à fixer la perception des droits de navigation dans toute l'étendue du département de la Côte-d'Or. C'est l'ingénieur en chef Bonnetat qui, le 7 octobre, dresse le devis du bornage. Étaient prévues « 16 [bornes] sur le versant de la Méditerranée, 1 au bief de partage, et 13 sur le versant de l'océan. La section transversale de ces bornes sera un rectangle de 0 m 55 de largeur sur 0 m 30 d'épaisseur. Elles seront terminées dans leur partie supérieure par un demi-cercle. Elles auront une hauteur de 1 m 10 au-dessus de la culasse qui aura 0 m 50 de profondeur ; en sorte que leur longueur totale sera de 1 m 60. Ces bornes seront placées sur la rive gauche du canal, du côté du versant de la Méditerranée, et sur la rive droite du côté du versant de l'océan […] Le numérotage des bornes sera fait à partir de la Saône […] Les chiffres auront 10 cm de hauteur. La lettre S, initiale de mot Saône, sera gravée sur toutes, dans le demi-cercle, au milieu de l'intervalle compris entre sa naissance et son sommet. Elle aura aussi 10 cm de hauteur [...] On n'emploiera pour ces bornes que des blocs dont la pierre est non gélive, d'un grain homogène, bien pleine [...] Les 17 bornes du versant de la Méditerranée y compris celle du bief de partage proviendront des carrières de Damparis situées près de la Saône [en fait près de Dole, dans le Jura]. Celles du versant de l'océan au nombre de 13 seront extraites dans les carrières de Montbard […] ». Elles ont été fournies et posées par les deux entrepreneurs chargés de l'entretien des deux parties du canal et transportées par bateau.

Le 12 février 1835, le directeur général des Ponts et Chaussées approuve le projet. « Ces bornes, au nombre de 30, seront plantées de 5 kilomètres en 5 kilomètres sur une étendue de 151 088 m, à partir de la Saône, où commence leur numérotage, jusqu'à la limite du département de l'Yonne. »¹⁴