Canal de Bourgogne
Migennes : construction d’une villeArchéologie d’un site industriel disparu

Activités

1. Développement industriel sur et autour de la voie d’eau

Infrastructures de transport

Des silos Dijon Céréales sur le port de Bretenière, bief 65 du versant Saône.
Des silos Dijon Céréales sur le port de Bretenière, bief 65 du versant Saône.
Ensemble de silos, bief 83 du versant Yonne, à Pacy-sur-Armançon.
Ensemble de silos, bief 83 du versant Yonne, à Pacy-sur-Armançon.

D’après les archives, le transport de marchandises est la fonction première et la plus importante. Il s’agit à la fois d’écouler les productions régionales vers les grandes agglomérations et de répondre à la demande locale : d’innombrables carrières de pierre, tuileries, fours à chaux/cimenteries... apparaissent au fil du temps.

Les entreprises utilisent le canal comme un moyen de récupérer des matières premières éloignées, qui sont transformées puis repartent ailleurs par le même chemin. La sucrerie de Brazey-en-Plaine traite les betteraves de toute la région : une bascule sur le port de Vandenesse-en-Auxois (plusieurs dizaines de kilomètres en amont) permet de peser la production avant de l’embarquer.

Autour du pont d’Aiserey : le site d’écluse du bief 71 du versant Saône, avec une maison Forey de la fin du 18e siècle, la sucrerie d’Aiserey, implantée depuis 1857.

© T. Kuntz, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2011.

Les communes y voient l’occasion de fournir leur population ou d’augmenter leurs propres revenus. Le port de Saint-Rémy-lès-Montbard est établi à la demande du conseil municipal pour favoriser la vente des bois communaux et des pierres des carrières municipales3. A Saint-Thibault, en 1864, la municipalité souhaitait établir un port, à la fois pour le transport de pierre et de sable destinés aux constructions locales, mais aussi pour faire partir à Dijon du bois de chauffage et de charpente2.

Des ports dotés de quais sont installés ou agrandis. On les équipe de voies ferrées de liaison ainsi que de grues de déchargement. A Saint-Jean-de-Losne subsistent quelques traces de cette époque : un tronçon de voie Decauville longe la rive droite du port, derrière laquelle se dressent encore de grands hangars. Tout type d’industrie ou d’artisanat était susceptible de se trouver là : des dépôts de grands groupes comme de petites usines. Ainsi à Saint-Jean-de-Losne, dans les années 1880-1890, se côtoyaient en même temps la Société Anonyme des Forges et Aciéries de Commercy et un dépôt de bois pour un sabotier local4. Certaines industries se firent même installer un chenal ou canal de raccordement. C’est le cas à Ancy-le-Franc où l’usine des Forges d’Ancy-le-Franc, située à côté du château, disposait d’un port privé dont le chenal de raccordement avait été demandé par le marquis de Louvois en 18255.

Les infrastructures visibles les plus nombreuses étaient certainement les hangars, mais les archives comme les cartes postales anciennes montrent des ports encombrés de piles de bois, de briques et de dépôts de pierre, sable et matériaux divers.

Arvet, CLB Besançon (éditeur). Scierie mécanique F. Cordin, sur le port du canal de Bourgogne, à Montbard. 1er quart du 20e siècle. Phototypie. 
Coll. musée Nicéphore Niépce – Chalon sur Saône -  inv. n° 1975.19.21425.182.2
Arvet, CLB Besançon (éditeur). Scierie mécanique F. Cordin, sur le port du canal de Bourgogne, à Montbard. 1er quart du 20e siècle. Phototypie.
Coll. musée Nicéphore Niépce – Chalon sur Saône - inv. n° 1975.19.21425.182.2

Industries

Industries qui perdurent ou se développent
Forges et tuileries, des fondations anciennes
L’industrie de la pierre en expansion grâce au canal

Les plans du domaine fluvial des années 18506 montrent un grand nombre de petites carrières de pierre dans la vallée de l’Ouche, à l’emplacement, entre autres, de l’autoroute A38. Les plus importantes ont donné naissance à des fabriques de ciment et de chaux7. L’ingénieur Legros les recense en 1860 : sur le versant Saône à Saint-Jean-de-Losne, Plombières, Fleurey-sur-Ouche, Pont-de-Pany, Crugey, Vandenesse-en-Auxois, Escommes et Pouilly-en-Auxois ; sur le versant Yonne à Éguilly, Saint-Thibault, Maison-Blanche, Braux, Pouillenay, Venarey, Montbard, Rougemont, Ravières ou encore Ancy-le-Franc.

Les historiens font remonter l’histoire du ciment au percement du souterrain de Pouilly, sommet du canal de Bourgogne8. L’ingénieur du canal, Philibert Lacordaire repère des veines de calcaire pouvant convenir à la fabrication du ciment et plusieurs entreprises se développent dans la foulée, s’installant le long de la voie d’eau. Tout le versant Yonne s’organise pour l’exploitation de la pierre : carrières, scieries de pierre, four à chaux… Les produits alimentent d’un côté Dijon, de l’autre Paris en pleine reconstruction. La Première Guerre mondiale met fin à cette prospérité, qui impacte l’ensemble du territoire traversé par le canal. Il reste une cimenterie active à Lézinnes (Yonne) et des carrières subsistent vers Ravières.

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Retour au texte 1 Pour information, vers 1850, on recensait notamment en Côte-d’Or 56 hauts fourneaux, 42 forges, 7 fonderies et 6 martinets. RATEL Roger, L’industrie métallique du fer en Côte-d’Or au XIXe siècle, A travers notre folklore et nos dialectes, t. II, p. 96 et suivantes.
Retour au texte 2 Archives départementales de la Côte-d’Or, XIII S 1 a / 183.
Retour au texte 3 Archives départementales de la Côte-d’Or, XIII S 1 a / 183.
Retour au texte 4 Archives départementales de la Côte-d’Or, XIII S 1 b / 45.
Retour au texte 5 Voir notice architecture IA89001109 sur le site internet Architecture et patrimoine (http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/patrimoine/).
Retour au texte 6 Archives départementales de la Côte-d’Or, SM 22520.
Retour au texte 7 Voir à ce sujet : sous la direction de BLIGNY Jean-François, Un canal et des hommes, Bulletin de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de Semur-en-Auxois, 2012.
Retour au texte 8 BLIGNY Jean-François, « Ciment romain et canal de Bourgogne », in op. cit.
Retour au texte 9 Plans du linéaire du canal des années 1860, Archives départementales de la Côte-d’Or, SM 22520.
Retour au texte 10 Archives départementales de l’Yonne, 3 S 30.
Retour au texte 11 TESTART Gaston, Aperçu historique sur le canal de Bourgogne et essai de monographie, Bulletin de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de Semur-en-Auxois, Tome XXXV, 1906-1907.
Retour au texte 12 En 1909. Archives départementales de la Côte-d’Or, XIII S 1 b / 7.
Retour au texte 13 Archives départementales de la Côte-d’Or, XIII S b / 50.